Nymphomane

Terme souvent galvaudé, la nymphomanie n’est pas un trouble à prendre à la légère : il s’agit d’un véritable problème qui touche à la sexualité.

Le mot “nymphomane” était utilisé pour décrire une femme qui a des désirs sexuels excessifs, au point qu’elle en développe une addiction. Depuis peu, les professionnels de la santé ont abandonné ce mot, préférant plutôt qualifier cette maladie de “trouble de l’hypersexualité”, de “comportement sexuel compulsif” ou d’”addiction sexuelle”, qui s’appliquent à des personnes de tous les sexes.

Si le mot “nymphomane” désigne la femme, son pendant chez l’homme est le terme “satyromane”, également assez peu utilisé. Il désignait simplement la nymphomanie chez les hommes.

Ici, nous parlerons de la signification de la nymphomanie, telle qu’elle a été définie, et de la manière dont l’hypersexualité est comprise aujourd’hui. 

Vous comprendrez également les différentes caractéristiques de cette conduite, ses causes et la manière dont elle peut être traitée.

C’est quoi, être nymphomane ?

Une personne nymphomane, c’est une femme qui a besoin de faire l’amour de manière fréquente et excessive, et qui vit avec des pulsions très fortes et répétées pour passer à l’acte, au niveau sexuel. Cependant, une nymphomane passera seulement à l’acte avec des personnes consentantes.

Les caractéristiques d’une personne nymphomane peuvent être résumées ainsi : 

  • Pensées ou désirs intrusifs et répétitifs ;
  • Difficulté à réduire ou à arrêter les comportements relatifs au sexe ;
  • Fantasmes, pulsions ou comportements qui deviennent un moyen d’échapper à des émotions difficiles ou à des situations stressantes, ou d’y faire face ;
  • Partenaires sexuels multiples, dans le cadre de mélangisme ou d’orgies ;
  • Anxiété ;
  • Dépression ;
  • Culpabilité et honte ;
  • Comportements répétés, sans se soucier des dommages causés à soi-même ou à autrui ;
  • Temps excessif passé à penser à la sexualité et aux relations sexuelles.

Si le fait d’être nymphomane est souvent tourné en dérision dans notre société, les caractéristiques listées ci-dessus font souffrir les femmes qui en sont victimes. La situation devient très rapidement perturbante, et peut affecter de manière significative la qualité de vie globale d’une personne.

Par ailleurs, ce syndrome peut entraîner d’autres complications, telles que le risque d’infections sexuellement transmissibles ou encore la diminution du soutien social des proches.

Dans certains cas, la personne peut même avoir des pensées suicidaires.

La nymphomanie, d’hier à aujourd’hui

Femme en plein ébat

L’invention du terme “nymphomanie” remonte au XIXe siècle. La société considérait les femmes qui avaient des désirs sexuels insatiables comme des délinquantes, et les médecins considéraient déjà la nymphomanie comme une maladie, ou un trouble médical.

Comme on l’expliquait en introduction, la recherche a depuis conduit à des changements dans le langage utilisé pour décrire le fait d’être hypersexuel. 

Aujourd’hui, agir comme hypersexuel peut être désigné par l’une des appellations suivantes, bien que certaines recherches mettent en évidence des nuances susceptibles de les distinguer :

  • Trouble de l’hypersexualité
  • Comportement sexuel compulsif
  • Dépendance sexuelle

Aucune de ces appellations n’est reconnue dans le DSM-5 (que l’on appelle également “Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux”), dans lequel les cliniciens retrouvent la liste des symptômes des différentes maladies mentales, et où ils disposent de critères permettant d’établir un diagnostic.

Sans ces critères et sans une liste de symptômes clairement identifiée, il devient ainsi difficile de diagnostiquer, de traiter et d’effectuer des recherches sur le fait d’être hypersexuel.

Ainsi, le débat n’est pas résolu au sein de la communauté médicale : certains spécialistes considèrent les nymphomanes comme souffrant de problèmes compulsifs, et pensent qu’ils ont des difficultés à contrôler leurs impulsions, quand d’autres pensent plutôt qu’il s’agit d’une dépendance.

Quelles sont les causes de la nymphomanie ?

Quelques causes communes

 

Il n’y a pas de cause établie pour la nymphomanie, pas plus qu’il n’y a de cause claire pour identifier ce qui est aujourd’hui considéré comme un comportement sexuel compulsif. Chaque cas est unique.

Cependant, la recherche a mis en lumière certains facteurs qui peuvent contribuer à un comportement hypersexuel, notamment :

  • Les événements stressants de la vie ;
  • Les traumatismes, y compris les abus sexuels ;
  • Un déséquilibre au niveau des neurotransmetteurs ;
  • Des déclencheurs provenant de l’environnement de la personne (décès, divorce, séparation, …) ;
  • Les maladies neurologiques, comme la maladie de Parkinson ;
  • Des traits de caractère tels que le manque de jugement, l’impulsivité et la préoccupation ou l’engagement dans des fantasmes, des pulsions ou des comportements sexuels excessifs.

En outre, le comportement hypersexuel peut s’accompagner de symptômes de troubles mentaux. 

Par exemple, une personne peut devenir hypersexuelle pendant un épisode de trouble bipolaire fort.

Quand consulter un professionnel de la santé ?

Femme en petite tenue

Si vous avez l’impression d’avoir perdu le contrôle de votre attitude en matière de sexe et de sexualité, ou si celui-ci vous cause une détresse importante, à vous ou à quelqu’un d’autre, il peut être bon de consulter un professionnel.

D’autres signes indiquent que vous pouvez avoir besoin d’une aide médicale :

  • Votre attirance pour le sexe vous fait courir le risque de vous blesser ou de blesser quelqu’un d’autre ;
  • Votre sexualité crée des problèmes au travail, dans la vie ou dans les relations personnelles ;
  • Vous essayez de cacher vos agissements et vos désirs à votre entourage ;
  • Vos habitudes deviennent de plus en plus extrêmes au fil du temps

Sauter le pas n’est souvent pas la chose la plus simple à faire, mais il est absolument nécessaire de prendre conscience des troubles auxquels vous faites face, et de consulter un spécialiste (psychologue, psychiatre, médecin généraliste, voire sexologue).

Identifier la nymphomanie

Comme on l’a vu plus haut, dans le passé, une personne pouvait être identifiée comme nymphomane sur la base de ses seuls comportements observés.

Aujourd’hui, les médecins et les professionnels médicaux se font une idée de la condition ou non d’une personne en discutant de ses expériences passées et présentes en matière de :

  • Pulsions sexuelles
  • Fantasmes
  • Appétit sexuel
  • Obstination pour le désir et les rapports sexuels

Les experts médicaux poseront également des questions sur les points suivants afin de prendre en compte ou d’exclure les éléments susceptibles de contribuer au comportement sexuel :

  • Antécédents médicaux
  • Antécédents psychologiques
  • Antécédents familiaux

Traiter la nymphomanie

Exemples de traitements

 

Le traitement de l’hypersexualité peut être effectué à l’aide de diverses méthodes :

  • La psychoéducation : afin d’informer les individus sur l’hypersexualité et réduire la honte et la stigmatisation qui l’entourent. En ayant des conversations ouvertes dans un cadre sûr et sans jugement, chacun pourra explorer les comportements sains et malsains avec un professionnel de la santé mentale.

  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : c’est une méthode pouvant être utilisée pour traiter la recherche compulsive d’actes sexuels. Les thérapeutes travaillent avec les individus pour identifier les déclencheurs, et mettre en place des schémas de pensée, des capacités d’adaptation et des changements de mode de vie pour soutenir des comportements sains.

  • Des médicaments : certains médicaments peuvent être prescrits pour traiter les symptômes de troubles mentaux ou les conditions liées au comportement sexuel compulsif. Par exemple, un psychiatre peut prescrire des anxiolytiques ou des antidépresseurs pour traiter l’anxiété et la dépression, qui découlent parfois de troubles nymphomanes.

  • Une thérapie de couple ou de famille : réalisée chez un psychologue ou un sexologue, elle peut compléter une thérapie individuelle. Avec ces formes de traitement, les individus apprennent des outils pour améliorer la communication et les relations, ainsi que pour discuter et approfondir l’intimité. 

 

Faire face au fait d’être nymphomane

 

L’utilisation de moyens visant à améliorer le bien-être est essentielle à la reprise en main de la vie quotidienne et au rétablissement. 

Les moyens de faire face à un comportement hypersexuel en prenant soin de soi sont les suivants :

  • Établir et maintenir une routine d’autosoins ;
  • Dormir suffisamment et régulièrement ;
  • Manger des repas équilibrés ;
  • Être ouverte et honnête avec soi à propos de ses pensées, de ses émotions et de ses comportements ;
  • Rechercher une aide chez un professionnel ;
  • Suivre le traitement qui vous a été donné ;
  • Connaître les éléments déclencheurs ;
  • Participer à des groupes de soutien, en ligne ou dans la vie réelle.

Pour conclure…

La nymphomanie est un mot qui était auparavant utilisé pour décrire l’hypersexualité chez les femmes. Il est aujourd’hui connu sous le nom de trouble de l’hypersexualité, de comportement sexuel compulsif ou d’addiction au sexe. 

Ces troubles peuvent toucher n’importe qui, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme.

Le trouble de l’hypersexualité présente plusieurs caractéristiques, notamment au niveau des pensées sexuelles répétitives qui ont un impact sur la vie quotidienne et provoquent une difficulté à mettre un terme aux désirs et aux actes sexuels, même si c’est aux dépens d’autrui.

On est donc bien loin de l’idée véhiculée par notre société, les vidéos érotiques, les films porno et la croyance populaire, selon laquelle une “nympho” est juste une femme qui a une libido exacerbée, et qui cherche simplement à satisfaire son désir en se faisant plaisir avec de nombreux partenaires !

Les personnes touchées par ce trouble sont bien souvent en souffrance, et ont besoin d’aide pour réussir à surmonter la situation.

Le comportement hypersexuel peut être traité par une thérapie, un soutien psychologique, des stratégies d’adaptation personnelles et, dans certains cas, des médicaments.